Plus généralement, les biologistes et particulièrement les généticiens s’intéressent à la consanguinité dans l’évolution humaine. Notre espèce, née d’une toute petite population, semble avoir connu plusieurs goulots démographiques dans son histoire, ce qui implique nécessairement une reproduction avec des parents relativement proche en termes génétiques. Dans la dernière livraison en ligne des PNAS, A.H. Bittles et ML Black reviennent sur cette question. Aujourd’hui, les couples formés par des cousins au second degré ou des individus plus proches encore formeraient environ 10,4 % de la population globale, ce qui est loin d’être négligeable. Les taux les plus forts de consanguinité sont observés en Afrique du Nord, en Afrique sub-saharienne, dans le Moyen-Orient, en Asie centrale et du Sud. Bien que les individus eux-mêmes ne se perçoivent pas nécessairement comme apparentés, les tests génétiques peuvent révéler des liaisons très homozygotes, dues tantôt à l’isolement géographique, tantôt à des frontières culturelles anciennement établies (liens entre clans, villages, castes, etc.).
La consanguinité a notamment pour effet négatif que les gènes récessifs liés à des maladies ont plus de chance de s’exprimer dans une population, c’est-à-dire d’être reçus en double exemplaire (condition de leur expression) par la descendance. De fait, on observe une mortalité des enfants issus de cousins légèrement supérieure (3,5 %) à la moyenne. Mais des facteurs sociaux, économiques et démographiques affectent également ce résultat. Pour Bittles et Black, la proportion des unions consanguines devrait lentement décroître, en raison notamment de la réduction de la taille moyenne des familles, des progrès de l’éducation des femmes, de l’urbanisation et des nouvelles mobilités migratoires.
Référence : Bittles AH, Black ML (2009), Consanguinity, human evolution, and complex diseases, PNAS, epub, doi: 10.1073/pnas.0906079106
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