lundi 19 avril 2010

Spray gorge profonde

Dans le film sur-culte de Gerard Damiano, Deep Throat (1972), Linda Lovelace se découvrait un clitoris au fond de la gorge, et devait avaler le plus loin possible les pénis de ses partenaires pour atteindre le plaisir sexuel. Dans la vraie vie, le commun des mortels a un peu plus de mal avec cette pratique, devenue depuis éponyme, en particulier à cause du « réflexe de vomissement » (tout objet titillant la glotte provoque une irrépressible envie de vomir). Mais grâce à un nouveau spray désensibilisant et parfumé (menthe, chocolat-menthe ou cannelle), pour un peu plus de 6€, la gorge profonde devient accessible à tou(te)s. On n'arrête pas le progrès...

lundi 22 février 2010

TDSH : trouble du désir sexuel hypoactif

La cohorte européenne DESIRE (Desire and its Effects on female Sexuality Including Relationships) rassemble 65219 femmes de cinq pays (France, Royaume-Uni, Allemagne, Italie, Espagne). Parmi elles, 7542 ont été identifiées comme souffrant d’une faible libido – une condition qualifiée de trouble du désir sexuel hypoactif (TDSH) et touchant une femme sur 10. La question est bien sûr de savoir s’il s’agit d’un trouble ou d’une condition normale : après tout, avoir une libido très faible ou très développée ne signifie pas forcément que l’on est en présence d’une pathologie. Si le désir suit dans la population une distribution de loi normale (comme la taille ou le poids), les extrémités de cette distribution (très faible ou très fort désir) rassemblent des gens qui ne vivent pas de la même manière leur condition. L’étude DESIRE vise notamment à élucider ces questions. Ses animateurs ont donné de premiers résultats au congrès annuel de l’International Society for the Study of Women's Sexual Health, le 18 février dernier. Les résultats préliminaires font état d’une détresse personnelle et émotionnelle associée au TDSH chez un nombre significatif des femmes étudiées. Les sentiments de culpabilité, de honte et de distance avec le partenaire dominent.

mercredi 10 février 2010

Vers un kit de fertilité (masculine) à domicile ?

L’Institut de nanotechologie MESA+ (Université de Twente, Pays-Bas) vient de mettre au point un «labo sur puce» de poche, qui permet de mesurer en 12 secondes la concentration du sperme, et donc la fertilité masculine. Jusqu’à présent, un éjaculat devait être analysé en laboratoire dans l’heure qui suit, et par des méthodes de décompte non automatisées. Le système microfluidique de MESA+ utilise un système de nanobilles de polystyrène qui, avec une modification de l’impédance électrique, permettent de compter les cellules présentes dans l’échantillon. Ce kit est d’abord prévu pour un usage clinique, mais il pourrait faire l’objet d’une mise sur le marché de la grande consommation.

mardi 9 février 2010

Sexe, jalousie et attachement

La jalousie n’est pas exactement vécue de la même manière par les hommes et par les femmes, en moyenne du moins : les femmes ont tendance à être plus sensibles à l’infidélité émotionnelle (leur homme s’attache à une autre), les hommes à l’infidélité sexuelle (leur femme couche avec un autre). L’explication évolutionniste classique est la suivante : les hommes n’ayant aucune certitude sur la paternité, les plus vigilants sur le comportement sexuel de leur partenaire ont plus de chances de voir transmettre leurs gènes (que ceux du voisin) ; les femmes subissant un fort coût pour le développement de l’enfant (ovules rares, grossesse, allaitement, etc.), les plus attentives au maintien de leur partenaire dans le couple augmentent leur probabilité de survie et celle de leur descendance.

Kenneth Levy et Kristen Kelly, psychologues à l’Université de Pennsylvanie, ne remettent en cause ni les différences exprimées dans la jalousie ni la possibilité d’une base évolutive. Mais ils soulignent que d’autres explications concourent à expliquer le sentiment et le comportement jaloux. Et notamment le fait qu’une forte minorité d’hommes sont aussi bien sensibles à l’infidélité émotionnelle, et de femmes à l’infidélité sexuelle. Levy et Kelly suggèrent que la jalousie dépend aussi du degré d’attachement : au sein de leur genre, les individus diffèrent beaucoup dans l’importance qu’ils accordent aux manifestations émotives de leur partenaire et dans leur besoin de confiance en général. Certains sont plutôt autonomes (faible sensibilité à des signes de cohésion du couple, forte confiance), d’autres plutôt dépendants (forte sensibilité, faible confiance). Cet attachement, variable, dépend en partie des conditions de développement des individus.

Levy et Kelly ont analysé les réponses de 416 volontaires (99 hommes, 317 femmes) à deux questionnaires, l’un consacré à la jalousie, l’autre à la forme de l’attachement (échelle Relationship Questionnaire). Le différentiel homme-femme classique se retrouve pour l’infidélité sexuelle (53,5 % M versus 24,3 % F) et émotionnelle (46,6 % M versus 75,7 % F). Dans le même temps, les jalousies exprimées ont varié selon le degré d’attachement, entre le ssexes ou au sein de chaque sexe.

Référence : Levy KN, KM Kelly (2010), Sex differences in jealousy. A contribution from attachment theory, Psychological Science, e-pub, doi : 10.1177/0956797609357708

Fa’alafine : homosexualité et sélection de parentèle

Les habitants des îles Samoa (Polynésie) nomment Fa’alafine les hommes homosexuels, dont le comportement est socialement toléré et reconnu. Deux psychologues, Paul Vasey et Doug VanderLaan (Université de Lethbridge, Canada), ont pu profiter de ce statut particulier pour former une cohorte, analyser le comportement des homosexuels samoans et le comparer à celui d’individus hétérosexuels des deux sexes. Sans descendance directe, les Fa’alafine sont connus pour apporter beaucoup d’attention à leurs nièces et neveux – depuis la garde des enfants jusqu’à des dons pour les études en passant par toutes sortes de cadeaux au cours de leur développement. Vasey et VanderLaan ont enquêté sur cet altruisme, afin de savoir s’il est spécifiquement dirigé vers des apparentés ou s’il est généralisé à tous les enfants proches des Fa’alafine. La première hypothèse est la bonne : il existe une dissociation cognitive entre apparentés et non-apparentés, de sorte que le comportement avunculaire (propre à l’oncle) est spécifique.

Cette observation renforce une des hypothèses sur l’apparition et le maintien de l’homosexualité dans les sociétés humaines. Du point de vue de l’évolution, un comportement sexuel minimisant ou annulant la descendance devrait disparaître rapidement, si ce comportement possède lui-même une base génétique. Or tel n’est pas le cas de l’homosexualité, qui semble en partie dirigée par les gènes et pour autant persistante dans l’évolution humaine. Mais la sélection de parentèle prédit que l’aide à la survie de descendants indirects (cousins, neveux) peut aboutir au même résultat qu’une descendance directe, c’est-à-dire contribuer globalement à la fitness génétique d’une lignée apparentée.

Référence : Vasey PL, P VanderLaan (2010), An adaptive cognitive dissociation between willingness to help kin and nonkin in Samoan Fa'afafine, Psychological Science, e-pub, doi : 10.1177/0956797609359623

mercredi 3 février 2010

Sexe, taille et intelligence

Bien que les tests de QI soient standardisés pour minimiser les différences de genre dans une population, ils ne les effacent pas totalement. Une série d’études récentes a suggéré que les hommes ont un QI légèrement supérieur aux femmes (3-5 points, moyenne 100). Cette différence semble en fait varier au cours de l’existence : si les petites filles sont plus intelligentes que les petits garçons, la tendance s’inverse entre à partir de 10-14 ans. Quoique minime, la différence est significative sur le plan statistique.

Satoshi Kanazawa et Diane J. Reyniers proposent une explication simple à cette différence : la taille. Celle-ci est en effet positivement corrélée au QI (de même que le volume du cerveau et de diverses aires). Une fois la taille contrôlée, on observe… une inversion de la hiérarchie : ce sont les femmes qui sont légèrement plus intelligentes que les hommes.

Les deux auteurs examinent par ailleurs plus hypothèses évolutives pour expliquer le phénomène : appariement assorti des hommes intelligents et des femmes belles, des hommes grands et des femmes belles, facteur extrinsèque de corrélation entre taille et intelligence dans ces deux mécanismes, sex-ratio favorable aux fils dans la progéniture de ces unions.

Référence : Kanazawa S, DJ Reyniers (2009), The role of height in the sex difference  in intelligence, Am J Psychology, 122, 4, 527-536.

dimanche 24 janvier 2010

Orgasme féminin : mythes, faits, controverses

Résumé : Brusquement passée des ténèbres du continent noir où l’avait cantonné un siècle de psychanalyse, à l’aveuglante clarté de la médecine basée sur les preuves, la sexualité féminine n’en a pas pour autant livré tous ses secrets. L’orgasme des femmes, qui n’en finit pas de susciter débats et controverses depuis le xixe siècle en est une excellente illustration. Nombre de zones d’ombre persistent encore de nos jours, en particulier au niveau de l’existence du point G., qui a fait l’objet depuis les années 1980, d’un important phénomène médiatique rendant très difficile une lecture scientifique des faits s’y attachant. Il est quasiment possible de lire l’histoire récente des femmes au travers des grands débats d’idées qui nous agitent depuis près de deux siècles sur la nature de leur jouissance, vaginale ou clitoridienne. Au primat de l’orgasme vaginal de la fin du xixe siècle et du début du suivant, a succédé la dictature du clitoris des combats féministes, marquant l’émancipation sociale et sexuelle des femmes de la seconde moitié du xxe siècle. Mais les études les plus récentes, utilisant des moyens d’investigations modernes, font apparaître, derrière la classique opposition entre orgasme vaginal contre clitoridien, le concept d’une véritable unité anatomofonctionnelle liant clitoris, vulve, vagin, urètre et anus, sous la dépendance d’un même axe neurophysiologique. Le débat sur la sexualité féminine et la nature de l’orgasme au féminin est cependant toujours ouvert, après avoir mobilisé un demi-siècle de féminisme, et même si l’heure n’est plus à la guerre des sexes, il est encore très difficile de faire la part des choses entre évidences scientifiques et fausses croyances sur la sexualité féminine alimentant de trop nombreuses idées reçues.

Référence : Colson MH (2010), L’orgasme des femmes, mythes, défis et controverses, Sexologies, epub, doi:10.1016/j.sexol.2009.11.003.

Point G : aucune héritabilité

Le débat sur l’existence du point G continue de faire rage parmi les spécialistes. Bien qu’une certaine proportion de femmes rapporte l’existence de cette zone très sensible de la paroi antérieure du vagin, il n’existe pas de consensus sur sa base anatomique et biochimique. Les chercheurs du laboratoire du Timothy Spector (Kings’College, Londres) ont entrepris d’examiner l’héritabilité de ce point G, c’est-à-dire l’existence d’une base héréditaire dans les différences entre individus rapportant ou non son existence. À cet effet, 1804 jumelles âgées de 22 à 83 ans ont été interrogées. 56 % d’entre elles ont affirmé avoir un point G, cette prévalence baissant avec l’âge. Mais aucune influence génétique n’a pu être isolée. Conclusion des chercheurs : « Une des raisons pour cette absence d’héritabilité est que les femmes diffèrent dans leur capacité à détecter leur propre point G. Néanmoins, nous postulons que la raison de ce manque de variation génétique – en contraste avec tous les autres traits anatomiques et physiologiques – est qu’il n’existe aucune base physique au point G ».

Références : Burri AV et al (2010), Genetic and environmental influences on self-reported G-spots in xomen: a twin study, J Sex Med, e-pub, doi : 10.1111/j.1743-6109.2009.01671.x

Vélo et impuissance

Le lien entre vélo et impuissance est-il une légende urbaine ? Non. Frank Sommer et ses collègues ont passé en revue la littérature scientifique et médicale à ce sujet : leur travail confirme le risque accru de dysfonction érectile en cas de pratique régulière de la bicyclette. La compression périnéale entraîne probablement des troubles vasculaires, endothéliaux et neurogéniques. Référence : Frank Sommer et al. (2010), Bicycle riding and erectile dysfunction: a review, J Sex Med, epub, doi : 10.1111/j.1743-6109.2009.01664.x)

jeudi 21 janvier 2010

L’odeur des femmes et l’excitabilité masculine

Que l’odeur ne soit pas étrangère à la séduction, c’est ce dont témoigne trivialement le marché mondial de la parfumerie. Les femmes sont-elles cependant avisées de rechercher le secret du succès amoureux dans les dernières sophistications des créateurs ? Une étude de Jon K. Maner et de son étudiant Saul L. Miller (Université de Floride) incite à penser le contraire.

Dans cette expérience en deux temps, les chercheurs ont demandé à des femmes (4 et 11) ne prenant pas de contraceptifs oraux, ne mettant pas de parfum et n’utilisant pas de cosmétiques synthétiques de porter un T-shirt pendant trois nuits consécutives. Des hommes (37 et 68) devaient ensuite respirer l’odeur de ces T-shirts et les classer selon leur caractère agréable. Le taux de testostérone salivaire de ces hommes a été mesuré avant et après qu’ils aient reniflé le vêtement. Des T-shirts de contrôle, n’ayant jamais été portés par quiconque, ont aussi été utilisés.

Résultat : les hommes ont préféré l’odeur des T-shirts portés par les femmes à celle des T-shirts vierges de tout fluide humain. Au sein des T-shirts portés par les femmes, ce sont ceux portés pendant la période fertile (ovulation) qui ont eu le plus de succès. Le taux de testostérone a suivi l’appréciation subjective : minimum pour un T-shirt jamais porté par une femme, maximum pour les T-shirts des femmes fertiles.

Il existe donc une réponse biologique, sans doute inconsciente, à l’odeur des femmes fertiles.

Référence : Miller, S.L., J.K. Maner (2010). Scent of a woman: Men's testosterone responses to olfactory ovulation cues, Psychological Science, e-pub., doi: 10.11770956797609357733  (Téléchargeable sur la page de Saul L. Miller.)

Paraphilies : les deux-tiers des hommes concernés ?

On désigne par « paraphilies » un certain nombre de comportements sexuels jugés comme pathologiques, parce qu’ils se manifestent par une souffrance ou une détresse, chez le sujet ou chez le tiers. Pédophilie, zoophilie, voyeurisme, sado-masochisme sont quelques-unes des paraphilies les plus célèbres, mais il en existe bien d’autres.

Le caractère pathologique des paraphilies est cependant contesté pour nombre d’entre elles. Quoique fort minoritaires dans les pratiques, elles ne provoqueraient ni souffrance ni détresse particulière. Sans prétendre trancher, une équipe de chercheurs berlinois a étudié la présence des thématiques de paraphilies dans les motifs d’excitation de 367 hommes volontaires, âgés de 40 à 79 ans. Outre l’enquête sur leurs fantasmes, les sujets ont également et anonymement rempli deux autres questionnaires relatifs à leur santé et leur style de vie.

Résultats : 62,4 % des hommes ont rapporté une paraphilie comme motif d’excitation. Dans 1,7 % des cas seulement elle était associée à une détresse. Parmi les facteurs associés à la probabilité de développer (en fantasme ou en comportement) une paraphilie : le fait de vivre seul, de se masturber au moins une fois par semaine, d’avoir un faible score dans l’appréciation subjective de sa santé. Parmi les paraphilies, 8,5 % des hommes ont rapporté des fantasmes pédophiles, et 3,8 % une pratique.

Références : Ahlers CJ et al (2009), How unusual are the contents of paraphilias? Paraphilia-associated sexual arousal patterns in a community-based sample of men, J Sex Med, e-pub doi : 10.1111/j.1743-6109.2009.01597.x