Le manuel psychiatrique DSM-IV, qui fait actuellement autorité dans le domaine du diagnostic de la santé mentale, reconnaît la pédophilie comme un trouble du comportement sexuel. En vue de sa révision en DSM-V, une équipe de psychiatre canadien vient de suggérer l’introduction d’une distinction claire entre pédophilie et hébéphilie (paraphilie). Cette dernière renvoie à la préférence sexuelle pour les adolescents en phase pubertaire (11 à 14 ans). Les chercheurs ont réalisé des entretiens avec 881 mâles ayant soit des antécédents criminels, soit des troubles comportementaux catalogués comme pédophile. Ils ont assorti ces entretiens d’une mesure de l’érection pénienne face à des enfants d’âges divers. Il en ressort une distinction nette entre les individus attirés par les enfants prépubères et ceux séduits par les pré-ados ou les jeunes ados. D’où, selon eux, la nécessité de distinguer les deux troubles. Ou de créer un trouble de pédohébéphilie, avec trois sous-types : pédophile, hébéphile, pédohébéphile.
Un des problèmes posés par cette classification, c’est la désignation de l’hébéphilie comme paraphilie. On assiste dans les pays occidentaux à une avancée générale de la puberté depuis plusieurs générations (voir Expertise collective Inserm 2007, Évolution séculaire de la croissance et de la puberté), de sorte que le sexe biologique (capacité à procréer) est éventuellement en décalage avec le sexe psychologique (désir d’un partenaire sexuel) et le sexe socio-juridique (majorité sexuelle reconnue par le droit).
La puberté correspond à l’activation de la fonction hypothalamo-hypophyso-gonadique, aboutissant au développement complet des caractères sexuels, à l’acquisition de la taille définitive, de la fonction de reproduction et de la fertilité. Chez la fille, elle commence par le développement des glandes mammaires (en moyenne à partir de 10,5/11 ans), suivi de la pilosité pubienne et axillaire, des modifications de la vulve et des premières règles (ménarche), en moyenne autour de 13 ans. Leur date de survenue est considérée comme normale entre 10 et 15,5 ans. Du point de vue du droit, la majorité sexuelle est néanmoins fixée après la survenue moyenne cette puberté (15 ans en France, mais date variable selon les pays). Du point de la psychologie évolutionniste, la recherche d’un partenaire franchissant tout juste sa puberté paraît comme un trait normal du comportement sexuel masculin : cela maximise les chances que le partenaire en question soit vierge, donc qu'il reproduise ses gènes en cas de conception. Les mariages arrangés avec les enfants, et les consommations assez précoces par rapport à notre standard actuel, n’étaient pas si rares dans les siècles passés (le Code civil fixait initialement la majorité sexuelle à 11 ans) ni ne le sont dans certaines sociétés traditionnelles.
Si trouble psychiatrique il y a lorsque l’on parle d’hébéphilie, il devrait plutôt être centré sur la recherche compulsive de partenaires sexuels et l’usage de la contrainte pour parvenir à ses fins.
Référence :
Blanchard R. et al. (2008), Pedophilia, hebephilia, and the DSM-V, Arch. Sex. Behav., online pub., doi : 10.1007/s10508-008-9399-9
samedi 9 août 2008
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Un homme de 80 ans a le droit de vivre une histoire d'amour partagée et de sexe avec un garçon ou une fille de 15 ans, ou même de 14 ans au Canada, la loi est tout de même tolérante en Occident.
RépondreSupprimerPar contre, il n'a pas le droit d'acheter des services sexuels à un mineur, ni d'exercer une quelconque contrainte.
C'est tout de même bien de distinguer entre adolescents et enfants, car avoir une relation sexuelle avec une fille de 14 ans qui en fait 18, ou avec une enfant de deux ans, cela n'a rien à voir.
Oui, je le pense aussi. Et comme indiqué dans le texte, je doute du caractère paraphilique (donc trouble mental / comportemental) de l'amour avec une jeune fille pubère. C'est en fait un choix légal et moral dans une société, choix discutable au sens de digne d'être débattu. Cela repose à mon avis sur une vieille mentalité judéo-chrétienne selon laquelle la sexualité est "sale", "vicieuse" et "dangereuse" (en dehors d'une finalité procréative dans le cadre du mariage), donc qu'il faut en épargner les individus le plus longtemps possible. Mais il y aussi le fait que les mâles sont les mâles, et que la coercition en vue du sexe est une de leur stratégie évolutive.
RépondreSupprimerL'amour ou l'attirance peuvent se manifester quelque soit l'age, et à 15 ans on est majeur sexuel. C'est une véritable escroquerie intellectuelle de vouloir amalgamer une relation consentie avec un jeune de 15 ans avec un comportement pédophile touchant de jeunes enfants pré-pubères. Le Mot mineur est instrumentalisé par des groupes ultra-réactionnaires qui s'en servent comme cheval de Troyes pour revenir à une sexualité hyper-normative, vécue comme pernicieuse en elle même.Lorsque naissent désir et sentiment naissent entre un adolescent de 15 ans( donnc largement pubère, conscient etc...on parle là d'évidences) et un adulte +agé, il ne faut célébrer que l'amour. L'hébéphilie? Le culte amoureux de la jeunesse dont jouissent adorateurs et adorés.
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