Les hommes et les femmes sont-ils aussi intelligents ? Le débat, qui a pu sembler clos par la psychométrie, est en fait régulièrement ré-ouvert par les psychométriciens eux-mêmes. Le problème est le suivant : les tests mesurant l’intelligence au sens de capacité cognitive générale (facteur g) sont construits pour minimiser les différences sexuelles, dont on sait qu’elles existent pour de nombreuses capacités cognitives spécifiques. Afin de parvenir à une moyenne commune et conventionnelle de 100 dans la population testée, les sous-tests s’adressant à ces capacités spécifiques à fort dimorphisme sexuel sont pondérés. Mais du coup, les tests étant conçus pour être neutres du point de vue du sexe, ils deviennent des indicateurs suspects quand on s’interroge sur la question particulière des différences sexuelles dans le domaine de l’intelligence.
Bryan J. Pesta et trois collègues se sont intéressés à des tâches cognitives élémentaires bien documentées dans la littérature, le temps d’inspection (IT) et le temps de réaction (RT). Elles mesurent la vitesse à laquelle les neurones traitent des informations. IT et RT sont connus pour être corrélés positivement à la capacité cognitive générale (environ 0.50 ans les méta-analyses). 218 hommes et 226 femmes ont passé ces tests, l’un consistant à voir deux lignes de longueur inégale et à désigner laquelle est la plus longue avec un temps d’exposition de plus en plus court, l’autre à voir deux S et un A et à indiquer le plus rapidement possible la position du A. Résultat : les hommes ont montré en moyenne de meilleurs résultats que les femmes, différence qui correspondrait, si on la rapportait aux échelles métriques d’intelligence à 3,9-5,7 points de QI. Un résultat compatible avec les conclusions de certains travaux antérieurs utilisant d’autres méthodologies (Jackson et Rushton 2006, Lynn et Irving 2008, mais voir conclusions opposées chez Camarata et Woodcock 2006, Keith et al. 2008). Les sujets de l’étude ne montraient pas de différences significatives dans un test d’intelligence générale qui leur fut administré (le Wonderlic Personnel Test).
Référence :
Pesta B.J. et al. (2008), Sex differences on elementary cognitive tasks despite no differences on the Wonderlic Personnel Test, Personality and Individual Differences, 45, 5, 429-431, doi:10.1016/j.paid.2008.05.028
(Merci à Bryan J. Pesta de nous avoir transmis son article).
Autres travaux cités :
Camarata S., R. Woodcock (2006), Sex differences in processing speed : Developmental effects in males and female, Intelligence, 34, 231–252.
Jackson D., J. Rushton (2006), Males have greater g: Sex differences in general mental ability from 100,000 17-to18-year olds on the scholastic assessment test, Intelligence, 34, 479–486.
Keith T., et al. (2008), Sex differences in latent cognitive abilities ages 6 to 59: Evidence from the Woodcock-Johnson III tests of cognitive abilities, Intelligence, sous presse.
Lynn R., P. Irwing (2008), Sex differences in mental arithmetic, digit span, and g defined as working memory capacity, Intelligence, 36, 226–235.
lundi 4 août 2008
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ça aurait été intéressant d'affiner ces études, voir le résultat de ces tests en fonction du cycle chez les femmes, quand on sait que leurs agissements sont influencés par le rapport estrogènes/progesterone. Toute personne qui aura été confrontée à une femme en plein syndrome prémenstruel me comprendra. Voir s'il y a une différence avec les femmes ménopausées, celles qui prennent la pilule etc.
RépondreSupprimerMais sans doute cela augmenterait l'échantillon à étudier de manière considérable, je ne crois pas que les gens vont se lancer dans de telles études.
Récemment ce papier de synthèse :
RépondreSupprimerMiranda Farage, Thomas Osborn, Allan Maclean, Cognitive, sensory, and emotional changes associated with the menstrual cycle: a review., Arch Gynecol Obstet. 2008 Jul 1
Au risque de me faire tirer dessus, je dirais que, dans l'hypothèse où la variable "intelligence" du "groupe homme" aurait effectivement une valeur supérieure à celle du "groupe femme", ça ne voudrait bien sûr par dire qu'une femme lambda soit forcément moins intelligente qu'un homme epsilon, mais que si cette même femme lambda eut été un homme, elle aurait pu être plus intelligente. (je sors)
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