L’asymétrie variable ( FA pour fluctuating asymmetry) est une mesure couramment utilisée depuis une trentaine d’années en biologie et écologie du comportement. Sur une population donnée, on analyse la face ou le corps des individus selon qu’ils divergent d’un axe de symétrie « idéale » séparant sur un plan vertical sa partie droite et sa partie gauche. L’asymétrie a été inversement corrélée à la capacité de l’organisme à résister à divers stress au cours de son développement (maladies, parasites, agressions, etc.). Une asymétrie élevée est associée à une morbidité et une mortalité accrue, une moindre fécondité, une locomotion moins performante et diverses autres variables liées aux sélections naturelle et sexuelle. Chez l’homme, diverses recherches l’ont également rapportée (toujours en association inversée) à l’attractivité d’une personne basée sur son odeur corporelle, sa voix, son visage ou sa grâce.
Dans ce travail, l’équipe de William M. Brown a réalisé une mesure entièrement robotisée, en scanner optique 3D, de l’asymétrie variable de 77 individus (40 hommes, 37 femmes). Outre que l’automatisation minimise le biais de mesure de l’expérimentateur humain, 24 traits différents répartis sur tout le corps hors visage ont été scannés, et cela plusieurs fois. À partir de ces données, les chercheurs ont reconstitué 77 images en 3D des corps, sans visage ni indicateur de peau. Ils ont demandé à 87 évaluateurs de noter ces corps reconstitués sur une échelle d’attractivité. Résultat : les corps présentant le plus haut niveau d’asymétrie ont été jugés les moins attractifs. L’équipe de Will Brown avait également mesuré sur les 77 individus « scannés » des traits connus pour être l’objet de préférences sexuelles ou de succès reproductif : ratio taille-hanche, volume de seins, longueur des jambes chez les femmes ; taille, largeur des épaules, rapport des jambes au torse chez l’homme. Ces traits de masculinité ou de féminité ont eux aussi été corrélés négativement au degré d’asymétrie. Les configurations articulaires moyennes des corps masculins ont également montré une association inverse, qui n’a pas été retrouvée avec les corps féminins.
Commentant ce travail, Will Brown observe : « Il est largement pressenti que les êtres humains sont attirés les uns les autres en raison de qualité génotypiques et phénotypiques – en d’autres termes, la recherche d’un partenaire qui donnera à celui qui le choisit une progéniture de plus haute qualité. Mes précédents travaux avaient suggéré que la symétrie du corps n’est pas nécessairement ce que les gens observent quand ils trouvent une personne attractive, mais que les traits physiques typiquement préférés peuvent néanmoins révéler la qualité développementale implicite d’un individu, qui se retrouve dans son degré de symétrie (…) Il semble que les asymétries corporelles étant trop subtiles pour être perçues à l’œil nu, l’évolution a produit des signaux et parades plus flagrants ».
Référence :
Brown W.M. et al. (2008), Fluctuating asymmetry and preferences for sex-typical bodily characteristics, PNAS, online pub., doi: 10.1073/pnas.0710420105
(Merci à Will Brown de m’avoir transmis son article).
mercredi 20 août 2008
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