Nous commentions récemment une recherche montrant que les riches semblent posséder un léger avantage dans la compétition reproductive, quoique cet avantage soit moins évident dans une société moderne capitaliste que dans une société traditionnelle, contrairement aux idées reçues. Qu’en est-il donc des hommes intelligents ? Mark D. Prokosch et ses collègues, du Département de psychologie de l’Université de Californie, se sont penchés sur cette question. Dans un premier temps, 15 jeunes hommes (âge moyen 19,2 ans) ont passé un test de QI verbal (WAIS-III, sous-section vocabulaire). Ils ont ensuite été filmés dans diverses conditions : en train de lire à voix haute des titres de presse, en train de répondre à une question ouverte faisant appel à une certaine créativité (« que pourrait signifier la découverte de vie sur Mars pour la vie sur Terre ?), en train de se présenter sous le meilleur jour possible (« Donner trois raisons pour lesquelles vous seriez un bon candidat pour une rencontre ? »), en train de jouer au frisbee.
209 jeunes filles, d’âge moyen de 19,4 ans, ont dû ensuite remplir un questionnaire (incluant leur période d’ovulation au moment du test) et donner leurs préférences concernant les garçons visionnés. Ces préférences concernaient les deux dimensions habituellement analysées en psychologie évolutionnaire : rencontre à court terme (aimeriez-vous passer une nuit avec ce garçon), union à long terme (pourriez-vous prendre ce garçon comme mari et père de vos enfants). Les jeunes filles devaient aussi donner leur avis sur l’intelligence des garçons (sans connaître leur résultat au test, bien sûr, juste daprès les séquences), ainsi que sur diverses qualités : attractivité physique, créativité, sécurité financière, impression de sécurité (dans l’hypothèse d’être avec le garçon).
L’intelligence subjectivement évaluée a prédit 13,0 % de la variance dans le choix d’un homme à long terme, contre 30,7 % pour le physique, 18,2 % pour la sécurité et 14,3 % pour la richesse. Dans le cas d’une liaison à cour terme, l’intelligence expliquait 2,8 % de la variance, contre 59,2 % pour le physique, 2,9 % pour la sécurité et 10,1 % pour la richesse. Il est à noter que cette évaluation subjective a été positivement corrélée à l’intelligence réelle (mesurée) des hommes, ce qui signifie que les vidéos comportementales donnent de bons indices sur celle-ci. L’intelligence réelle des garçons a expliqué quant à elle 3,4 % du choix comme partenaire à long terme, et 3,2 % comme partenaire à court terme. La créativité, de son côté, a obtenu de scores élevés : 26,9 % de la variance pour une liaison à long terme ; 18,1 % pour une liaison à court terme ; mais la variable semblait cependant plus facilement confondue avec l’attractivité physique que l’intelligence). Il est à noter que la période ovulatoire est restée sans effet significatif sur l’expression de ces préférences, contrairement à d’autres traits où l’on observe des variations selon que la femme est fertile ou non.
Quelles conclusions doit-on tirer pour cet échantillon ? Tout d’abord, l’intelligence verbale peut être déduite de l’observation comportementale comme indice phénotypique, et elle n’est pas neutre dans le choix d’un partenaire à court comme à long termes : à autres qualités égales, l’intelligence est susceptible de faire la différence. Elle reste cependant loin derrière l’attractivité physique, comme premier facteur de choix. Ensuite, la créativité semble une dimension à part entière des préférences féminines, là encore pour des unions à court comme à long termes, ne se confondant que partiellement avec l’intelligence perçue ou mesurée. Il est possible que certaines qualités appréciées, comme le sens de l’humour, soient des indices de cette créativité.
Référence :
Prokosch M.D. et al. (2008), Intelligence and mate choice: intelligent men are always appealing, Evol Hum Behav, online pub., doi:10.1016/j.evolhumbehav.2008.07.004
(Merci à Mark Prokosch de m’avoir transmis son papier).
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