mercredi 18 novembre 2009

Nombre de partenaires sexuels : les femmes mentent-elles aux enquêteurs?

Depuis les années 1950, de grandes enquêtes ont été menées sur la vie sexuelle de nos contemporains. Leurs résultats de ces enquêtes donnent en général des portraits assez exacts du comportement sexuel des hommes et des femmes. Par exemple, lorsque l’on demande le nombre de partenaires dans l’année écoulée, la fréquence et la durée moyenne des actes sexuels, l’acceptation du sexe anal ou oral, on obtient des réponses cohérentes dans les échantillons. Mais un domaine pose problème : le nombre total de partenaires sexuels au cours de l’existence. Dans toutes les enquêtes, les hommes rapportent plus de partenaires que les femmes – assez typiquement, les réponses varient de 5 à 9 partenaires masculins et 8 à 14 partenaires féminins chez les personnes de quarante ans et plus. Or, il est statistiquement impossible que le nombre moyen des partenaires diffère d’un sexe à l’autre. La dispersion du résultat au sein de chaque sexe peut certes être différente - c’est-à-dire, par exemple, une proportion plus ou moins grande dans chaque sexe d’individus ayant un très petit ou un très grand nombre de partenaires. Mais quelle que soit cette dispersion au sein des populations féminine et masculine, la moyenne devrait être la même.

Plusieurs explications ont été avancées. La plus convaincante (car la plus fréquemment observée, par différentes méthodes) est que les femmes ont tendance à sous-estimer leur nombre de partenaires, et non les hommes à le surestimer. Un nouveau travail de Camil Castelo-Branco et ses collègues vient appuyer cette perspectives. Les chercheurs ont analysé les réponses de 2332 femmes à une enquête relative au lien entre sexualité et santé après la ménopause. Ces femmes, âgées de 45 à 64 ans, ont répondu tantôt par une interview directe, tantôt par un questionnaire anonyme. Or, on constate des différences substantielles. Le pourcentage de femmes reconnaissant avoir des partenaires occasionnels ou non-conventionnels est deux fois plus élevé dans la réponse anonyme que dans celle au praticien. La concordance la plus levée (88,07%) se retrouve pour les femmes ne reportant aucune relation sexuelle, mais elle est nettement moindre dans les autres cas.

Référence : Castelo-Branco C et al (2009), Do patients lie? An open interview vs. a blind questionnaire on sexuality, J Sexual Medicine, e-pub, doi : 10.1111/j.1743-6109.2009.01575.x

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