Michael F. Hammer et ses collègues ont comparé 40 loci sur les chromosomes X et les autosomes (chromosomes non sexuels), chez 90 humains appartenant à des populations des six continents. Ils ont analysé la diversité génétique observée avec celle attendue par des modèles de dérives neutres depuis la séparation évolutive des hommes, des chimpanzés et des orangs-outans. Si l’on suppose un sex-ratio à peu près identique (autant d’hommes que de femmes dans le pool reproductif) et une reproduction à peu près panmictique (tout homme et toute femme ont en moyenne la même probabilité de se reproduire), on devrait trouver une diversité génétique des autosomes égale à 75% de celle du X. (L’homme n’a qu’un seul chromosome X, donc la recombinaison chez les deux sexes a un rapport 3 :4 , contre 4 :4 pour les autosomes). Or, le rapport Nx/Na (N étant la population effective de reproducteurs) est systématiquement plus élevé que 0,75 chez les humains, allant de 0,85 chez les San à 1,08 chez les Basques. En d’autres termes, le chromosome X présente des polymorphismes bien plus marqués que ce que l’on pourrait attendre. L’explication la plus plausible ? La polygynie, qui est attestée dans la plupart des cultures humaines, notamment les chasseurs-cueilleurs que l’on suppose les plus proches des conditions ancestrales d’adaptation. Et aussi bien chez la plupart des mammifères. La polygynie signifie techniquement une plus grande variance dans le succès reproductif des hommes comparés aux femmes. Elle n’est pas le seul facteur de diversification du X, mais les modèles indiquent que les autres causes possibles (effet fondateur, goulet d’étranglement démographique, migrations spécifiques à un sexe, etc.) seraient mineures au cours de l’évolution humaine. La réussite de la monogamie sociale serait donc un trait culturel récent de l’humanité. Et cette monogamie sociale ne signifie évidemment pas monogamie sexuelle ou effective : la pratique des divorces, remariages et naissances en multiples foyers a par exemple la même signature génétique que la polygamie, tout comme la classique infidélité lorsqu’elle aboutit à une grossesse.
Référence :
Hammer M.F. a tal. (2008), Sex-Biased evolutionary forces shape genomic patterns of human diversity, PLoS Genet, 4,9, e1000202. doi:10.1371/journal.pgen.1000202
Illustration : le rappeur américain 50 Cent et deux admiratrices (DR). Il semble que l’évolution humaine a été marquée par un succès reproductif inégal parmi les mâles. La polygynie de droit, de coutume ou de fait, observée dans la majorité des cultures humaines historiques ou actuelles, en est la traduction. Les cas inverses de polyandrie sont rarissimes, chez l’homme comme chez les mammifères. La monogamie « officielle », quoique revendiquée par un nombre plus faible de cultures, est le système ayant cependant connu la plus grande extension démographique dans l’histoire récente.
samedi 27 septembre 2008
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Très intéressant, mais on savait que les femelles ne sont pas tout le temps réceptives, donc les mâles vont faire leur marché ailleurs ;)
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