jeudi 31 juillet 2008

Génétique du transsexualisme

Clemens Temfer et ses collègues de l’Université de médecine de Vienne (Autriche) ont analysé l’ADN de 49 transsexuels femme>homme (FtM) et de 102 transsexuels homme>femme (MtF), en comparaison avec le génotype de 1669 individus non transsexuels (756 hommes, 915 femmes). Ils ont découvert que les variations d’un gène codant pour l’enzyme cytochrome P17. Ce gène et cet enzyme influent sur la concentration de testostérone dans les tissus, c’est-à-dire qu’ils contribuent à masculiniser ou féminiser les phénotypes. Une variante de ce gène (polymorphisme d’un simple nucléotide ou SNP) appelée CYP17-34 T>C SNP (soit le remplacement de la base thymine par la base cytosine) est présent plus fréquemment chez les femmes transsexuels (44 %) que chez les femmes non transsexuels (31 %). La même différence ne s’observe pas chez les mâles.

Le transsexualisme se caractérise souvent par la conscience d’un décalage entre sexe physique et sexe psychologique, le sentiment que l’on appartient à l’autre sexe et que son assignation de naissance est une « erreur ». Cette disposition d’esprit est probablement sous la dépendance d’autres gènes que CYP17, mais aussi de facteurs environnementaux. Au-delà du transsexualisme, ce genre de travaux rappelle que du point de vue biologique, la « sexuation » de l’individu va bien au-delà des caractères sexuels primaires (organes génitaux) : c’est l’ensemble du corps qui est sensible à la balance des hormones sexuelles dès la conception, à commencer bien sûr par le premier organe sexuel, le cerveau.

Référence :
Bentz E.K. et al. (2008), A polymorphism of the CYP17 gene related to sex steroid metabolism is associated with female-to-male but not male-to-female transsexualism, Fertility and Sterility, 90, 1, 56-59, doi:10.1016/j.fertnstert.2007.05.056

Illustration : l’artiste Tobias Bernstrup, dont je ne puis au passage que vous conseiller les excellentes productions (pour ceux qui aiment la pop-electro).

(Merci à Peggy d’avoir attiré mon attention sur ce papier).

3 commentaires:

  1. Un commentaire qui n'a rien à voir cet article : Votre blog est des plus intéressants par ses références scientifiques, vos analyses et votre culture scientifique. Pourquoi ne pas lister dans votre section de liens les sites où vous puisez ces informations issues d'études qui sont des plus propices à la discussion ? Je peux vous garantir que, pour la plupart de vos lecteurs, cela ne les empêchera pas de revenir à votre blog pour profiter de vos analyses plus que pertinentes. Il serait par exemple intéressant de mettre en avant la revue Edge, peu connue du public français.

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  2. J'ai un peu honte. J'aurai pu parler, par exemple, de la revue en ligne Scientific American, mais non j'ai choisi de mentionner Edge l'un des seuls sites scientifiques/philosophiques que vous mettez en avant. J'ai l'impression d'être l'un de ces adolescents qui laissent "involontairement "un mégot de joint dans le cendrier du salon familial, simplement pour révéler certaines choses à leurs proches. Dans mon cas, ce commentaire n'avait pour but que d'engager la discussion, vous fournir une raison suffisante de me répondre, soit-elle sentencieuse. Pour ma défense je suis bourré et malheureusement je ne suis pas une musaraigne malaise. Dorénavant je m'abstiendrai.
    Ceci dit, il y a peut-être quelque chose à tirer de cet échange lamentable : l'ivresse que peut procurer l'anonymat du net pourrait peut-être nous permettre de nous affranchir des conventions et des non-dits qui minent la réflexion de nos contemporains.
    Bien à vous.

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  3. Concernant les recherches, les liens sont donnés directement à la fin de chaque article, dans la référence. Cela mène généralement au site du journal, où l'on peut s'abonner au flux RSS pour les online publications. Pour les sites généralistes (communiqués de presse de labos ou universités, brèves), New Scientist, Eurekalert et Science Daily sont les plus fournis (désolé, j'ignore comment mettre un lien dans ce commentaire).

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