mardi 9 février 2010

Fa’alafine : homosexualité et sélection de parentèle

Les habitants des îles Samoa (Polynésie) nomment Fa’alafine les hommes homosexuels, dont le comportement est socialement toléré et reconnu. Deux psychologues, Paul Vasey et Doug VanderLaan (Université de Lethbridge, Canada), ont pu profiter de ce statut particulier pour former une cohorte, analyser le comportement des homosexuels samoans et le comparer à celui d’individus hétérosexuels des deux sexes. Sans descendance directe, les Fa’alafine sont connus pour apporter beaucoup d’attention à leurs nièces et neveux – depuis la garde des enfants jusqu’à des dons pour les études en passant par toutes sortes de cadeaux au cours de leur développement. Vasey et VanderLaan ont enquêté sur cet altruisme, afin de savoir s’il est spécifiquement dirigé vers des apparentés ou s’il est généralisé à tous les enfants proches des Fa’alafine. La première hypothèse est la bonne : il existe une dissociation cognitive entre apparentés et non-apparentés, de sorte que le comportement avunculaire (propre à l’oncle) est spécifique.

Cette observation renforce une des hypothèses sur l’apparition et le maintien de l’homosexualité dans les sociétés humaines. Du point de vue de l’évolution, un comportement sexuel minimisant ou annulant la descendance devrait disparaître rapidement, si ce comportement possède lui-même une base génétique. Or tel n’est pas le cas de l’homosexualité, qui semble en partie dirigée par les gènes et pour autant persistante dans l’évolution humaine. Mais la sélection de parentèle prédit que l’aide à la survie de descendants indirects (cousins, neveux) peut aboutir au même résultat qu’une descendance directe, c’est-à-dire contribuer globalement à la fitness génétique d’une lignée apparentée.

Référence : Vasey PL, P VanderLaan (2010), An adaptive cognitive dissociation between willingness to help kin and nonkin in Samoan Fa'afafine, Psychological Science, e-pub, doi : 10.1177/0956797609359623

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