jeudi 9 août 2001

Grossesse : quand les garçons profitent des filles


En dépit d’une gestation plus longue, le poids des filles à la naissance est moindre que celui des garçons. Ce phénomène avait été signalé dès 1943. Pour approfondir cette question de l’influence du sexe du fœtus sur la grossesse, le Dr Ruth Loos et ses collègues du Centre de génétique humaine à Louvain (Belgique) ont comparé le poids de naissance et la durée de la grossesse de 1.929 faux jumeaux du même sexe et de sexe différent (The Lancet, vol. 358, p. 560, 18 août 2001)..
La durée d’une grossesse d’une femme portant des jumeaux de sexe différent ou des jumelles est similaire (respectivement 36,8 et 36,9 semaines), mais plus longue que si elle attendait deux garçons (36,4), indiquent les chercheurs. A la naissance, le poids des filles est comparable que leur jumeau soit une sœur ou un frère. En revanche, le poids du garçon est plus élevé, en moyenne de 78 grammes, quand son jumeau est une fille. Ces résultats confirment chez les jumeaux dizygotes l’observation du poids inférieur des filles, malgré une grossesse plus longue. Mais l’étude montre un fait plus intéressant : « chez les jumeaux de sexe différent, c’est la fille qui gouverne la durée de la grossesse », commente le Dr Ruth Loos. «Elle prolonge la gestation de son frère et ce dernier en profite pour augmenter son poids. Résultat : son poids sera plus élevé que s’il avait partagé avec un garçon le séjour dans le ventre de sa mère».
Le Dr Loos admet ignorer par quel mécanisme les filles jouent ce rôle déterminant. Les résultats de l’étude suggèrent que le fœtus mâle grandit à plus vive allure que le fœtus femelle. Cette particularité pourrait être due à l’absence de chromosome Y chez les filles, qui sont plus lentes à se développer au départ mais se rattrapent en fin de grossesse. «La différence est d’importance, notent les auteurs, lorsque l’on étudie l’hypothèse des origines fœtales des maladies de l’adulte, parce que les fœtus à croissance rapide sont particulièrement vulnérables aux lésions pendant la vie prénatale».

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