jeudi 23 janvier 2003

Comment rendre les mouches homosexuelles

Des chercheurs américains ont réussi à modifier les préférences sexuelles de la drosophile (Drosophila melanogaster), la rendant temporairement homosexuelle, par une action sur certains neurones. Un peu de gai savoir…

Pour leur expérience, les chercheurs ont introduit un gène mutant, sensible à la température, qui joue un rôle dans les sécrétions d’un transmetteur chimique, au sein d’un groupe particulier de neurones de la drosophile. «Le gène mutant a interrompu les communications nerveuses dans ces neurones spécifiques quand les mouches mâles ont été placées sous des températures plus chaudes. Elles ont soudainement commencé à s’intéresser aux autres mâles», explique le responsable de l’équipe, le Pr Kitamoto Toshihiro.

L’allèle d’un gène (shibire) a été modifié pour être sensible à la température et perturber les transmissions synaptiques entre neurones. A partir de 30 °C, les mouches mâles modifiées ont commencé à se désintéresser des mouches femelles pour tourner leur attention vers d’autres mâles, répondant même aux avances sexuelles de mâles. Replacées dans un milieu frais, les mouches ont repris leur comportement sexuel habituel.

Ses résultats tendent à montrer que les rapports entre mâles sont supprimés par l’action de neurones dont le rôle pourrait être de détecter ou d’interpréter des signaux d’hormones anti-aphrodisiaques, explique le Pr Kitamoto, du service de neurosciences du Centre de recherche médical et de l’Institut de Recherche Beckman, à City of Hope (Californie).

Les neurones affectés par le gène mutant comprennent des nerfs sensibles au goût, situés dans la tête et les pattes. Leur rôle pourrait être d’empêcher l’attirance entre mouches mâles par la détection ou l’interprétation de phéromones aphrodisiaques produites par les mâles. De précédentes recherches impliquant des manipulations génétiques avaient déjà permis d’amener ces drosophiles à un comportement homosexuel, mais la procédure neuronale des modifications des préférences sexuelles demeurait inconnue.

A la différence d’autres études ayant montré l’existence de mouches dont le système nerveux comporte une anomalie induisant un comportement homosexuel irréversible, «le rapport mâle-mâle dont il est fait état dans notre travail est différent car il peut être activé ou désactivé à différentes températures et n’est donc pas une conséquence d’un développement anormal», soulignent les auteurs.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire