dimanche 14 mai 2000

De la guerre chez les spermatozoïdes

Les ascidies sont de minuscules animaux marins primitifs, cylindriques et creux, qui vivent accrochés à des rochers dans les mers chaudes. Charles Lambert (Université d’Etat de Californie à Fullerton) s’est penché sur le mécanisme de fécondation de cet animal. Pour se reproduire, mâles et femelles libèrent leurs semences dans l’eau où la fécondation a lieu. Une fois qu’un spermatozoïde a pénétré l’ovule, un système de défense s’actionne, empêchant une fécondation multiple. L’ovule libère à sa surface une enzyme qui interdit l’entrée à tout autre spermatozoïde. En étudiant deux espèces qui ne peuvent pas se croiser et donc se féconder, Ascidia nigra et Ascidia sydneiensis, le chercheur a montré que ces animaux détournaient le mécanisme de la fécondation pour en faire un moyen de protection. Schématiquement, un ovule en attente d’être fécondé par le spermatozoïde de son espèce déclenche préventivement son système de défense quand un spermatozoïde d’une autre espèce se présente. Mais, dès que cette protection est mise en place, elle est irréversible, condamnant l’ovule à l’infertilité car même ses propres spermatozoïdes sont désormais interdits d’accès. Ainsi puisqu’il y a moins d’animaux de l’autre espèce, il y a plus de place pour se fixer sur les rochers, habitat prédestiné de toutes les ascidies.

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