Entretien avec Kate Dunn
Kate Dunn travaille à l’Unité d’Epidémiologie Génétique et de Recherche sur les Jumeaux de l’Hôpital Saint-Thomas, Londres (Royaume-Uni).
Comment êtes-vous parvenue à ces résultats ?
Nous avons mené une étude de jumeaux classique, sur la base d’un autoquestionnaire sur l’orgasme rempli par environ 4000 femmes, dont 683 paires de jumelles monozygotes et 714 paires de jumelles dizygotes. Une femme sur trois n’éprouve jamais ou rarement l’orgasme durant l’acte sexuel. Une proportion significative de cette variation dans l’orgasme féminin s’explique par des facteurs génétiques : 34 % pour l’orgasme par acte sexuel et 45 % pour l’orgasme par masturbation.
L’absence d’orgasme ne résulte donc pas d’une éducation répressive ?
Nos données suggèrent que les différences de capacité des femmes à avoir un orgsme possèdent une base biologique, et donc une possible base évolutive. Les variations de cette fonction sexuelle ne peuvent s’expliquer uniquement par des facteurs culturels, même si ceux-ci semblent jouer également un rôle important.
Comment affiner ces résultats à l’avenir, et corriger l’anorgasmie ?
De nouveaux travaux sont nécessaires pour mieux comprendre les fondements biologiques de l’orgasme féminin, et le fonctionnement sexuel de la femme en général. A long terme, nous serons capables d’identifier les gènes impliqués. Cela pourra aider au développement de traitement pour les femmes insatisfaites de leur capacité ou de leur incapacité à l’orgasme.
Références : K.M. Dunn, L.F. Cherkas, T.D. Spector, Genetic influences on variation in female orgasmic function : a twin study, Biology Letters, Royal Society, DOI : 10.1098/rsbl.2005.0308