Clemens Temfer et ses collègues de l’Université de médecine de Vienne (Autriche) ont analysé l’ADN de 49 transsexuels femme>homme (FtM) et de 102 transsexuels homme>femme (MtF), en comparaison avec le génotype de 1669 individus non transsexuels (756 hommes, 915 femmes). Ils ont découvert que les variations d’un gène codant pour l’enzyme cytochrome P17. Ce gène et cet enzyme influent sur la concentration de testostérone dans les tissus, c’est-à-dire qu’ils contribuent à masculiniser ou féminiser les phénotypes. Une variante de ce gène (polymorphisme d’un simple nucléotide ou SNP) appelée CYP17-34 T>C SNP (soit le remplacement de la base thymine par la base cytosine) est présent plus fréquemment chez les femmes transsexuels (44 %) que chez les femmes non transsexuels (31 %). La même différence ne s’observe pas chez les mâles.Le transsexualisme se caractérise souvent par la conscience d’un décalage entre sexe physique et sexe psychologique, le sentiment que l’on appartient à l’autre sexe et que son assignation de naissance est une « erreur ». Cette disposition d’esprit est probablement sous la dépendance d’autres gènes que CYP17, mais aussi de facteurs environnementaux. Au-delà du transsexualisme, ce genre de travaux rappelle que du point de vue biologique, la « sexuation » de l’individu va bien au-delà des caractères sexuels primaires (organes génitaux) : c’est l’ensemble du corps qui est sensible à la balance des hormones sexuelles dès la conception, à commencer bien sûr par le premier organe sexuel, le cerveau.
Référence :
Bentz E.K. et al. (2008), A polymorphism of the CYP17 gene related to sex steroid metabolism is associated with female-to-male but not male-to-female transsexualism, Fertility and Sterility, 90, 1, 56-59, doi:10.1016/j.fertnstert.2007.05.056
Illustration : l’artiste Tobias Bernstrup, dont je ne puis au passage que vous conseiller les excellentes productions (pour ceux qui aiment la pop-electro).
(Merci à Peggy d’avoir attiré mon attention sur ce papier).